Scénario :
Chapitre I
En ces murs
s’était installée une dame qui tenait une boutique d’antiquités. Chacun avait
l’habitude de la voir déambuler discrètement au milieu des tableaux, des
bibelots et du mobilier qu’elle chinait avec soin au grès de ses excursions. On
aimait venir dans ce petit bazar imprégné de son sourire bienveillant, et puis
tous ces vieux objets qui baignaient dans un épais silence avaient quelque
chose d’apaisant. C’était comme si la sagesse de l’âge émanait des fibres qui
grinçaient timidement lorsqu’on les approchait. Cet endroit chargé de l’odeur
des matières d’antan paraissait contenir comme dans une bulle des souvenirs et
histoires fantasmées.
Et il n’y avait pas que le voisinage qui aimait vagabonder sur les tapis ancestraux. La nuit, de petits insectes xylophages vadrouillaient silencieusement dans cet antre ligneux.
Lorsque l’antiquaire fut remplacée par un ébéniste, les capricornes se multiplièrent et s’immiscèrent discrètement dans toute la bâtisse, creusant, façonnant des réseaux dans les poutres, les meubles, générant une multitude de ramifications invisibles mais invasives. Sans aucun acte volontairement belliqueux, ils prirent progressivement possession des lieux, proliférant activement dans la matière. Ils façonnèrent leur monde dans un expansionnisme qui échappait à tout contrôle.
Le jour où ils atteignirent la limite, la voute céleste se dévoila à eux telle une myriade enivrante qu’ils voulurent conquérir. Ils avaient entendu parler d’un amas que l’on nommait la constellation du Capricorne. Ils s’envolèrent en un essaim et personne ne sut jamais s’ils aboutirent.
Après leur
départ, on se demanda quoi faire de l’immense excavation qu’ils avaient
abandonnée, grotte béante ouverte sur les cieux. Personne ne se résolut à
reboucher l’ensemble tant l’œuvre était réussie. Cet endroit offrait un refuge,
un lieu si déconnecté des réalités qu’on en oubliait presque que l’on était en
plein milieu d’une cité grouillante. Comme l’on aimait parcourir les rangées
entre les meubles vieillis autrefois, on arpentait maintenant les couloirs et
les cavernes dans le bois mis à nu jusqu’à à déboucher sur le berceau des
étoiles.
La nuit des
populations des plus étonnantes venaient se rencontrer en secret dans ces
réseaux caverneux. Les insomniaques se mêlant aux penseurs, on observait les
constellations tandis que plus loin d’autres lisaient de vieux ouvrages, à
l’abri des nuisances.
Et il n’y avait pas que le voisinage qui aimait vagabonder sur les tapis ancestraux. La nuit, de petits insectes xylophages vadrouillaient silencieusement dans cet antre ligneux.
Lorsque l’antiquaire fut remplacée par un ébéniste, les capricornes se multiplièrent et s’immiscèrent discrètement dans toute la bâtisse, creusant, façonnant des réseaux dans les poutres, les meubles, générant une multitude de ramifications invisibles mais invasives. Sans aucun acte volontairement belliqueux, ils prirent progressivement possession des lieux, proliférant activement dans la matière. Ils façonnèrent leur monde dans un expansionnisme qui échappait à tout contrôle.
Le jour où ils atteignirent la limite, la voute céleste se dévoila à eux telle une myriade enivrante qu’ils voulurent conquérir. Ils avaient entendu parler d’un amas que l’on nommait la constellation du Capricorne. Ils s’envolèrent en un essaim et personne ne sut jamais s’ils aboutirent.
Chapitre II
Cette
fenêtre ouverte sur le temps laissait l’esprit courir dans des mondes
inexplorés où la fiction se mêle à l’imaginaire.
Après que les capricornes eurent abandonné le sol terrestre pour s’élever dans le ciel, le bâtiment était complètement détruit. Mais ils avaient laissé derrière eux une empreinte digne de leur passion pour le bois. Leur passage restait gravé dans les morceaux qui avaient survécu à leur invasion, par des chemins sinueux, s’entrecoupant, pénétrant dans la matière et en en ressortant par d’autres faces.
Les humains purent ensuite reprendre possession du lieu, laissé à l’abandon pendant des années. Ils furent inspirés par cette cavité creusée dans la masse du bâti et par la matière rongée par les capricornes. En observant le travail acharné de ces petits insectes, leurs regards furent happés vers le ciel qui se dévoilait devant leurs yeux. Ils pouvaient y voir la limite de la voûte céleste percée par ces créatures qui avaient rejoint une immensité bien plus lointaine. La nuit, ils pouvaient admirer la lumière émise par leurs descendants, qui semblait si infime, si éloignée, si ponctuelle, et pourtant si enivrante. Certains pouvaient rester des heures durant à regarder ces points lumineux. Peu à peu elles devenaient une obsession, et ils passaient leurs nuits à les observer.
Cette fascination resta gravée dans les mémoires, et de nombreux humains avaient perdu leur cycle de sommeil habituel. La nuit devenait pour eux l’occasion d’observer ces lumières qu’ils appelèrent « étoiles ». C’était une autre temporalité, le moment pour observer, pour méditer sur cette intervention à la fois éphémère et figée dans le temps. Un moment d’introspection, de réflexion. Progressivement leur sommeil se raréfia, ils devenaient insomniaques. Certains se disaient même insomniaques.
Ce diagnostic devenait si fréquent que les humains décidèrent de consacrer le lieu légué par les capricornes à ces personnes qui continuent à vivre la nuit, ou bien qui ne vivent que la nuit. Pour rendre hommage à leur travail, on érigea de grandes courbes rappelant leur cheminement. Elles créaient des espaces de différentes tailles. Certains pour se retrouver, pour discuter, d’autres pour méditer, pour lire et étudier. D’autres s’assimilaient à des niches individuelles, des cocons dans lesquels les humains pouvaient se retrouver seuls avec leurs pensées. Les courbes s’entremêlaient, se croisaient, s’élevaient vers le ciel en se tordant sur elles-mêmes ou autour d’une autre, créant des réseaux de déplacements horizontaux, verticaux ou même diagonaux. On venait dans ce lieu pour grimper à ces courbes, profiter des niches ou des bulbes plus conviviaux créés par entremêlements. Certains s’arrêtaient à mi-hauteur, lorsqu’ils avaient trouvé un bon coin pour leur confort. Les plus téméraires se risquaient à monter jusqu’à leur sommet, se rapprochant de la voûte céleste, afin de mieux l’admirer. Il y avait toujours un mur, une niche, un plateau adapté à l’envie de chaque insomniaque. Et sous le ciel étoilé, il parait que certains arrivaient même à trouver le sommeil…
PostPilule :
WorkShop :
PostWorkShop :
END:
Pierre-Emmanuel Letournel /Krystel Richard /Costis Toulgaridis.
Après que les capricornes eurent abandonné le sol terrestre pour s’élever dans le ciel, le bâtiment était complètement détruit. Mais ils avaient laissé derrière eux une empreinte digne de leur passion pour le bois. Leur passage restait gravé dans les morceaux qui avaient survécu à leur invasion, par des chemins sinueux, s’entrecoupant, pénétrant dans la matière et en en ressortant par d’autres faces.
Les humains purent ensuite reprendre possession du lieu, laissé à l’abandon pendant des années. Ils furent inspirés par cette cavité creusée dans la masse du bâti et par la matière rongée par les capricornes. En observant le travail acharné de ces petits insectes, leurs regards furent happés vers le ciel qui se dévoilait devant leurs yeux. Ils pouvaient y voir la limite de la voûte céleste percée par ces créatures qui avaient rejoint une immensité bien plus lointaine. La nuit, ils pouvaient admirer la lumière émise par leurs descendants, qui semblait si infime, si éloignée, si ponctuelle, et pourtant si enivrante. Certains pouvaient rester des heures durant à regarder ces points lumineux. Peu à peu elles devenaient une obsession, et ils passaient leurs nuits à les observer.
Cette fascination resta gravée dans les mémoires, et de nombreux humains avaient perdu leur cycle de sommeil habituel. La nuit devenait pour eux l’occasion d’observer ces lumières qu’ils appelèrent « étoiles ». C’était une autre temporalité, le moment pour observer, pour méditer sur cette intervention à la fois éphémère et figée dans le temps. Un moment d’introspection, de réflexion. Progressivement leur sommeil se raréfia, ils devenaient insomniaques. Certains se disaient même insomniaques.
Ce diagnostic devenait si fréquent que les humains décidèrent de consacrer le lieu légué par les capricornes à ces personnes qui continuent à vivre la nuit, ou bien qui ne vivent que la nuit. Pour rendre hommage à leur travail, on érigea de grandes courbes rappelant leur cheminement. Elles créaient des espaces de différentes tailles. Certains pour se retrouver, pour discuter, d’autres pour méditer, pour lire et étudier. D’autres s’assimilaient à des niches individuelles, des cocons dans lesquels les humains pouvaient se retrouver seuls avec leurs pensées. Les courbes s’entremêlaient, se croisaient, s’élevaient vers le ciel en se tordant sur elles-mêmes ou autour d’une autre, créant des réseaux de déplacements horizontaux, verticaux ou même diagonaux. On venait dans ce lieu pour grimper à ces courbes, profiter des niches ou des bulbes plus conviviaux créés par entremêlements. Certains s’arrêtaient à mi-hauteur, lorsqu’ils avaient trouvé un bon coin pour leur confort. Les plus téméraires se risquaient à monter jusqu’à leur sommet, se rapprochant de la voûte céleste, afin de mieux l’admirer. Il y avait toujours un mur, une niche, un plateau adapté à l’envie de chaque insomniaque. Et sous le ciel étoilé, il parait que certains arrivaient même à trouver le sommeil…
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END:
Pierre-Emmanuel Letournel /Krystel Richard /Costis Toulgaridis.