RAW /CoujinaFilante


Scénario :

Mon prénom ? Anissa, 21 ans

Mes parents sont arrivés en France en 1965, ils sont venus d’Alger. Mes grands-parents sont restés là-bas incapables de quitter leur terre natale. L’industrie française engageait en masse à cette époque, mon père a commencé à travailler comme ouvrier dans une immense usine de Renault. Ma mère, s’occupait de la maison, de mes frères et de moi même.

Mes frères et moi sommes nés en France. Ils sont tous les quatre plus âgés, je suis la petite dernière. J’ai fait ma scolarité à Lyon et on avait l’habitude de rentrer une fois par an chez mes grands-parents à Alger. Nous habitions à Guillotière, « le Lyon populaire » comme ils l’appellent. Je me suis toujours sentie séparée, entre deux mondes, deux cultures, sans jamais réellement savoir où me situer. Ma famille est restée très attachée à ses racines, à sa communauté. Même si mes parents habitent en France depuis 50 ans, ils se considèrent algériens. Ma mère ne dit rien, mais je sais qu’elle attend avec impatience le retour à Alger. J’essaie de m’accrocher à la culture familiale sans jamais l’avoir connue, et refusant de rêver d’un pays qui ne peut malheureusement pas m’apporter ce que je recherche.

J’ai connu l’Algérie en période de vacances, cette si tendre chère natale pour ma mère, qui reste une vaste terre d’inconnue pour moi. J’ai grandi en France, l’école m’a permis de m’intégrer dans cette culture, de me faire des amis. J’ai toujours apprécié ce monde moderne en décalage avec la maison, où
ma mère ne parlait toujours pas français. Et pourtant, je ne me sens ni française ni algérienne.

Je suis descendante d’immigrés.

C’est devenu pour moi une nationalité. Les algériens me considèrent comme française et les français comme algérienne. Mais qui-suis-je, d’où je viens ?  

A l’âge de 20 ans j’ai quitté la maison, m’installant dans un petit studio payé par des petits boulots en parallèle de mes études. Je ne supportais plus mon cadre familial, coincée entre deux cultures, je n’en avais aucune. J’étouffais. Je voulais m’extirper de ce vieux souvenir familial pour enfin rentrer dans ce monde moderne. Ma famille m’exaspérait et ne me comprenait pas forcément, mes frères surtout. Une nationalité qu’est cela vraiment ? Doit-on renier ses origines pour faire partie d’un pays? Que signifie réellement « faire partie d’un pays » ? Toutes ses questions hantaient mon esprit… Ma famille ne pouvait m’aider, ni mes amis français depuis 10 générations. Je pensais à mes origines, à une envie de les explorer. Je regrettais toutes les inepties dites sur les immigrés français mais en même temps je les détestais parfois.
 
Aujourd’hui, j’ai 21 ans. Je suis toujours dans le même appartement mais je ne me sens pas chez moi. Ça reste une solution transitoire. Hier j’ai rencontré Faiza, une jeune française diplômée de la fac de droit d’origine tunisienne. Elle aime se promener dans le quartier et elle a découvert un endroit à part. Là-bas, on peut échanger et être libre de toutes nationalités d’après elle. Cela m’intrigue. Je cherche à en savoir plus. Tout le monde est le bienvenu, c’est comme une sorte de cuisine partagée mais je ne saurais le définir exactement. Et pourquoi pas ? Peut-être que ça pourrait être un point de départ à ma réelle intégration ? C’est décidé, je vais y passer quelques jours.



Journal de bord

Jour 1 :
Difficile à trouver et enclavé entre deux immeubles, se dresse ce lieu. Complètement à part, il apparaît comme une «étrangeté » dans la ville. Le principe est de regrouper des gens de toutes nationalités autour d’un thème commun : la cuisine. Chacun apporte ce qu’il souhaite, et les produits de base sont disponibles sur place. J’ai même découvert un petit potager. On trouve donc au centre l’espace de préparation, enterré et convivial. De là, on peut tout voir et être vu de tous. Dans les étages supérieurs, on trouve les cabines personnelles où j’ai décidé de rester trois nuits. C’est de là que je tiens ce journal pour décrire l’évolution de mes pensées et ressentis face à cette nouveauté. 



 PiluleS :




PostPilule :














WorkShop :




















 



PostWorkShop : 



  
BURN...















END : 

Anne-Laure Garry /Emmanuelle Revillion /Rachel Wagner.